Groupe Socialiste Universitaire


Egalité des genres

Tribune sur le Consentement

Posté le 20 mars 2021 par Oriane Teixeira

“Que les cris des tyranneaux de la pensée cessent de tétaniser nos esprits”.​ Christiane Taubira, M​ urmures à la jeunesse​.

Comment ne pas s’incliner devant cet impératif ? Dans un monde où la parole semble plus présente que jamais, parler, c’est pouvoir. On ne s’étonne donc pas de l’omniprésence de tyranneaux de la pensée dans la cacophonie ambiante. En réalité, elle n’est que le fidèle miroir d’une longue tradition de monopole du pouvoir par une partie de l’humanité, imposant à l’autre sa volonté. Cette relation de pouvoir, qu’on pourrait concevoir comme une guerre entre les sexes, n’en est donc pas une. Elle ne repose pas sur une confrontation entre, d’un côté les hommes, de l’autre les femmes.

La violence dont elle est porteuse est plus sournoise qu’une opposition frontale : elle s’insinue dans toutes les strates de la société ; elle a fait plier le genoux de nos grands-mères, et continuer à faire plier nos mères, nos soeurs, nos filles. Plus encore, elle les assigne au silence. On avait écrit que le monde commençait avec le Verbe, et les femmes étaient réduites à de simples balbutiements. Sous couvert d’un mysticisme, d’une beauté cachée qu’on attribuait à la féminité silencieuse de la femme langoureuse, on s’est donc assuré qu’elle tiendrait bien sa place, généreuse, fertile, mais surtout soumise. Aux discours enflammés des tribuns ambitieux répondrait le sourire énigmatique des femmes discrètes. Cette idéologie, qu’on a longtemps tenté de substituer à la réalité, est en fin de vie. Au mythe de la femme, amoché par les grandes avancées en matière d’égalité, répond une multitude de voix, chacune affirmant sa singularité. De passives à actives, elles subvertissent autant les codes qui leur sont dévolus que les espaces d’oppression, aujourd’hui en passe de devenir les lieux de leur expression.

Cette sortie de la tétanie initiale n’est cependant pas suffisante. Que ce soit dans le domaine du travail, du privé, du médiatique ou de la santé, les femmes subissent encore la pression d’un joug que nous nous devons d’abattre. Plus qu’une réponse violente à une réalité oppressante, le dialogue est à la base de nos réflexions : aujourd’hui, il faut que l’esprit remplace le cri. Ce socle, qui peut paraître élémentaire, est crucial. Il fonde la possibilité même du consentement. Qu’il s’agisse du domaine privé, ou du domaine public, c’est l’expression d’un accord sans vice qui doit caractériser les échanges : la liberté conditionne le choix, et donc le consentement. Ces propositions que nous avons formulées n’entachent donc pas les libertés des uns au profit de celles des autres. Elles accompagnent un mouvement vers l’égalité que nous nous devons de porter collectivement.

« Nous, les femmes, nous, la moitié de l’humanité, nous sommes mises en marche. Je crois que nous n’accepterons plus que se perpétue cette oppression. »​, Gisèle Halimi.

Par Oriane Teixeira, Directrice du pôle égalité & présidente du GSU Assas