Posté le 17 novembre 2020 par Groupe Socialiste Universitaire
Le Groupe Socialiste Universitaire (GSU) s’associe à la mobilisation des universitaires contre le projet de loi de programmation de la recherche (LPR). Si le gouvernement a promu cette loi comme étant une rénovation majeure pour l’Université française, il n’en est rien.
La LPR va au contraire contribuer à renforcer les tensions déjà présentes au sein de nos universités publiques. Remettre en cause les prérogatives du Conseil national des universités (CNU) pour la qualification des maîtres de conférences et des professeurs est particulièrement grave. Permettre par le biais de la LPR à chaque université de définir les postes pour lesquels une qualification nationale ne serait pas nécessaire, reviendrait dès lors à précariser davantage le statut national des enseignants chercheurs. Il s’agit d’un changement d’une particulière gravité car il laisse la porte ouverte aux arrangements locaux. En outre, le projet de loi prévoit également d’augmenter les postes contractuels remettant en cause progressivement le statut public des chercheurs.
La qualité des formations universitaires et de notre recherche publique est assurée par une harmonisation nationale, au service de laquelle se place le statut particulier du corps universitaire. C’est cette unité nationale que la LPR veut démanteler, au profit d’entités locales indépendantes. Soutenir la LPR revient à atténuer la valeur des diplômes délivrés par les universités qui seront remis en cause dans la mesure où leur reconnaissance tend à dépendre de l’Université par laquelle ils sont délivrés et non par la valeur nationale qui les caractérise aujourd’hui.
Rappelons également que ce projet s’inscrit dans un contexte où les fusions d’universités et de ComUE se multiplient sous la pression des initiatives d’excellence et des appels à projets. Cette situation génère un terreau particulièrement propice à une casse de la politique nationale de l’enseignement supérieur et la recherche au profit d’une gouvernance par grands pôles régionaux, renforçant ainsi les inégalités territoriales d’accès à l’enseignement supérieur.
La casse de l’Université nationale est également accentuée par un financement des recherches qui pourront être réalisées par des acteurs privés et dont le contrôle est particulièrement limité. Si cette ouverture peut être bénéfique pour certains domaines, elle reste dangereuse dans son ensemble car elle ne met pas la recherche au service de l’intérêt général mais de celui d’investisseurs privés.
Ces éléments essentiels sur le financement des recherches suivent la logique insincère du projet de financement global de la recherche en France,que la loi prétend augmenter de 25 milliards d’euros, car il n’est ni tenu compte de l’inflation, ni de prévisions de croissances honnêtes.
Enfin, cette loi introduit des dispositions scélérates par la pénalisation des contestations dans les universités, restreignant la place et la portée du débat d’idées. Les contestations violentes peuvent déjà faire l’objet d’interventions de la force publique par les pouvoirs de police particuliers dont disposent les présidents d’université. Ces derniers peuvent d’ailleurs user de ces pouvoirs lorsque les mobilisations causent des troubles majeurs à l’ordre public. Ainsi, ces prérogatives de police spéciale ne doivent ni être changées, ni retirées ; elles n’appellent certainement pas à être complétées par des dispositions d’ordre pénal.
Compte tenu des conséquences particulièrement graves de cette loi qui remet en cause le modèle de l’Université française, nous demandons aux parlementaires d’être les plus nombreux à saisir le Conseil constitutionnel pour en demander sa censure.
En soutien aux universitaires et pour la défense de l’Université française, le GSU fait écran noir ce mardi 17 novembre 2020.
Contact presse :
Marianne Gicquel
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