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Europe et géopolitique, Recherches

États-Unis et Chine : le rôle de Taïwan dans le piège de Thucydide

Posté le 30 septembre 2021 par Linah Bonneville

A l’issue de la seconde guerre mondiale: deux Chines 

En 1945, les Etats-Unis émergent grands vainqueurs de la seconde Guerre Mondiale tandis que la Chine est un pays dévasté, affaibli par la guerre civile et l’occupation japonaise. 

En 1949, Mao Zedong remporte la guerre civile et instaure la République Populaire de Chine. Cependant, les Etats-Unis se refusent à reconnaître le régime communiste Chinois et se bornent à considérer Taïwan gouvernée par Tchang Kaï-Chek  comme la “véritable Chine”. 

Deux Chines s’opposent alors. D’un côté, Taïwan ou la République de Chine (RDC) conserve son siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies grâce à l’appui américain. De l’autre, la République Populaire de Chine (RPC), communiste et alliée de l’URSS. 

En 1961, le lien entre les deux géants communistes que sont l’URSS et la Chine se fissure. Une décennie plus tard, Henry Kissinger et le Président des Etats Unis Richard Nixon, conscients de l’intérêt qu’ils auraient à tirer profit de cette brèche, entament secrètement les négociations afin de parvenir à un accord entre la RPC et les Etats-Unis contre l’URSS.

Le compromis des Etats-Unis et le traité de Shanghai : la reconnaissance de la Chine Unique 

Depuis 1955, la position de la Chine est claire. Celle-ci est prête à entretenir des relations avec les pays qui le souhaitent, à condition que soient respectés les “Cinq principes de coexistence pacifique” introduits lors de la conférence de Bandung (1955). Ainsi, le respect mutuel de l’intégrité territoriale, la non agression mutuelle, la non ingérence dans les affaires intérieures, la réciprocité des avantages et la coexistence pacifique sont les piliers d’une éventuelle entente entre la Chine et les Etats-Unis. 

Ces postulats sont explicités par le premier Ministre Zhou Enlai, par le biais de revendications claires : le retrait des troupes américaines de l’Indochine, le départ des troupes déployées à Taïwan, le remplacement de Taïwan par la RPC au sein de l’ONU et la fin des encouragements à la remilitarisation japonaise. 

Pour le Premier Ministre, il ne s’agit que d’une juste restitution des prérogatives chinoises sans rétribution supplémentaire. Selon lui “Ce sont les troupes américaines qui stationnent à Taïwan et non le gouvernement chinois qui se mêle des affaires américaines à Hawaï.” 

En se fondant sur ces demandes, et mû par la volonté d’isoler l’URSS, le secrétaire d’Etat Henry Kissinger prépare secrètement la visite du président Américain Richard Nixon sur le territoire Chinois. Celle-ci débouche en 1972 sur le Communiqué de Shanghaï, un état des lieux des positions de chaque partie suivi de leurs accords. Les Etats-Unis reconnaissent ainsi la RPC.

La question épineuse du statut de Taïwan 

La question soulevée par Taïwan occupe une place importante dans le déroulé des négociations. 

Les États-Unis et d’autres pays dont le Japon souhaitent pouvoir reconnaître Pékin tout en conservant ses liens privilégiés avec Taïwan. Ils adhèrent donc à la théorie des “deux Chines” qu’ils souhaitent voir se réaliser de deux manières différentes. Les États-Unis aspirent à rendre le siège de l’ONU à la RPC tout en conservant Taïwan comme membre ordinaire. Le Japon quant à lui préfère conserver la place de Tchang Kaï-Chek au Conseil de sécurité et y  faire entrer de surcroît la République Populaire afin de conserver ses chances d’investir Taïwan. 

​​Dès lors, la question épineuse de Taïwan, est adressée dans le communiqué afin de ne laisser aucune ambiguïté. En effet, la RPC refuse de transiger sur la question et demeure campée sur sa politique d’une seule Chine. Taïwan, quant à elle, défend cette même politique, espérant devenir elle-même la véritable Chine. 

Ainsi, les États-Unis « reconnaissent que les Chinois de chaque côté du détroit de Taïwan maintiennent qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Le gouvernement des États-Unis réaffirme son intérêt pour un règlement pacifique de la question de Taïwan par les Chinois eux-mêmes. Dans cette perspective, il affirme l’objectif ultime du retrait de toutes les forces et installations militaires américaines de Taïwan ». 

Le 15 septembre 1978, les deux pays signent un communiqué commun précisant un point essentiel: « Les États-Unis d’Amérique reconnaissent le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul gouvernement légal de la Chine. Dans ce contexte, le peuple des États-Unis maintiendra des relations culturelles, commerciales et non officielles avec le peuple de Taïwan ». De plus, « Le gouvernement des États-Unis d’Amérique reconnaît la position chinoise selon laquelle il n’y a qu’une seule Chine et Taïwan fait partie de la Chine. »

Ainsi, la République populaire de Chine considère Taïwan comme sa 23e province et refuse toute relation diplomatique avec les pays qui reconnaissent la République de Chine. Les pays souhaitant conserver des relations avec la Chine doivent donc renoncer à reconnaître la RDC. 

Sous ces injonctions, et mûs par la volonté de conserver des relations avec la RPC qui devient un partenaire stratégique essentiel, les pays membres de l’ONU renoncent progressivement à cette reconnaissance. Actuellement seuls 14 pays entretiennent des relations diplomatiques officielles avec Taïwan bien que les relations officieuses soient considérables. 

Essor discret de la Chine et politique en chien de faïence 

Deng Xiaoping prend le pouvoir en 1978 et sa politique d’efficacité économique le pousse à ouvrir la Chine aux investissements directs étrangers, ce qui conduit à un rapprochement avec les Etats-Unis. Cependant, et ce depuis le Taiwan Relations Act de 1979, les États-Unis sont tenus de défendre Taïwan contre une invasion chinoise.

Ainsi, les Etats-Unis sont contraints, selon le traité de Shanghai de refuser d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan mais en demeurent pourtant les défenseurs. La difficulté de cette position est illustrée par de nombreux incidents. 

En 1996, la Chine effectue des tirs de « missiles d’essais » dans le golfe de Taïwan, afin de dissuader les Taïwanais de voter pour un parti qu’elle désapprouve. Le président américain Bill Clinton rétorque en envoyant deux porte-avions américains sur place pour signifier que les Etats-Unis ne toléreraient pas que la Chine engage un blocus de l’île. La Chine s’était alors retirée mais le mal était fait. 

Cet épisode appelé par la suite Crise du détroit de Taiwan de 1996, constitue l’un des « signaux faibles » annonçant la nouvelle rivalité stratégique sino-états-unienne. Il rappelle en effet à la Chine le douloureux souvenir du “siècle d’humiliation”. 

Malgré ces tensions, Clinton signe un accord commercial avec la Chine en 2000 préparant l’adhésion de cette dernière à l’Organisation Mondiale du Commerce participant ainsi à la croissance commerciale de la RPC. 

En outre, dans l’objectif de lutte contre le terrorisme au Proche-Orient, Bush renforce les relations avec la Chine. En effet, après les attaques du 11 Septembre 2001, la Chine saisit l’occasion d’améliorer son image à l’international et de cumuler des avantages concernant la lutte interne contre le terrorisme. Le 18 septembre 2001, le porte parole du gouvernement Zhu Bangzao déclare : “Les Etats-Unis nous ont demandé de les aider à lutter contre le terrorisme. De la même manière, nous avons des raisons de demander aux Etats-Unis de nous accorder leur soutien et leur compréhension dans la lutte contre le terrorisme et le séparatisme. Il ne peut y avoir de double standard. Nous ne proposons aucun marchandage mais la Chine et les Etats-Unis ont un intérêt commun à combattre les activistes indépendantistes taïwanais qui constituent la menace principale contre la stabilité dans le détroit”. (NOTE) 

Face à l’accueil froid de Washington, le ministre chinois des Affaires étrangères Tang Jiaxuan se rétracte, déclarant par la suite “qu’il n’y avait eu aucune suggestion d’un marché sur Taïwan.” Espérant donc obtenir des gains à court terme d’une alliance avec les Etats-Unis, la Chine proclame son engagement dans la lutte contre le terrorisme. Cet engagement leur est pourtant défavorable sur le long terme puisque qu’elle fragilise les alliances multipolaires de la Chine (en accroissant l’influence américaine dans une région présentant un intérêt crucial pour la RPC), à présent coincée dans une dichotomie Bien contre Mal, dans l’impossibilité de choisir le “camp des terroristes” sans voir sa crédibilité s’effondrer avec ses partenaires commerciaux à l’international. 

Cette situation évolue cependant avec le retrait des troupes américaines en Afghanistan en 2021 mais l’alliance temporaire de la Chine avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme repousse leur conflit. 

Durant cette alliance, la Chine étend progressivement et discrètement son réseau diplomatique. 

Rupture et fermeture du piège 

Xi Jinping, arrivant au pouvoir en 2012, rompt avec la politique de discrétion de son prédécesseur et affiche clairement la volonté de puissance de la Chine qui souhaite accéder au rang de première puissance mondiale. Il accompagne sa politique d’un appui sur le nationalisme et sur sa volonté de mettre fin aux humiliations du passé. 

Or, le “ différend a maintenant des implications militaires et stratégiques.”[1] En effet, cette montée des tensions s’inscrit dans ce que plusieurs analystes nomment le piège de Thucydide: « Ce fut l’ascension d’Athènes et la peur que celle-ci instilla à Sparte qui rendirent la guerre inévitable. » C’est ainsi que Thucydide explique la racine du conflit entre Sparte et Athènes lors de la guerre du Péloponnèse au Ve siècle av. J.-C. Le politiste américain Graham Allison en tire une grille d’analyse géopolitique aujourd’hui répandue qu’il applique aux relations entre la Chine et les US. 

Le piège s’amorce lorsque la montée en puissance d’un Etat en vient à menacer d’égaler ou de surpasser un colosse déjà installé. Les tensions s’accumulent alors autour d’intérêts stratégiques pour les deux puissances, conduisant les Etats à multiplier les lignes rouges dont le franchissement mènerait à la confrontation. Dans cette situation, le conflit peut bien être désavantageux pour les deux protagonistes, et ceux-ci peuvent être conscients de la nécessité d’un règlement pacifique des tensions, mais cela ne change rien au fait que les solutions existantes leurs sont inacceptables. Autrement dit, les alternatives à la confrontation militaire en cas de crise disparaissent en même temps que ces crises se multiplient. 

Après avoir procédé à une étude de seize cas historiques, Graham Allison constate que dans douze cas le piège de Thucydide mène à un conflit. La confrontation n’est au contraire évitée que dans quatre cas. Il s’agit donc de savoir si les Etats-Unis, puissance dominante depuis 1945 accepterons d’être rattrapés, voire dépassés par la Chine.[2]

Comment les tensions se multiplient-elles entre la Chine et les États-Unis qui cumulent les lignes rouges au point où les alternatives possibles deviennent rares et complexes à mettre en place ? 

  1. Position de la Chine 

“Le plus grand rêve de la Chine, c’est la grande renaissance de la nation chinoise” Xi Jinping, 2012

La réintégration de Taïwan à la République populaire occupe une place singulière dans l’univers mental chinois. En effet, la Chine y voit autant un enjeu symbolique constitutif de son identité nationale qu’un intérêt essentiel à sa survie en cas de confrontation militaire dans le Pacifique 

Lors de son accession au pouvoir, Xi Jinping affirme sa volonté de mettre fin au siècle d’humiliation de la Chine durant lequel elle fut démembrée et colonisée par diverses puissances externes. Or le statut de Taïwan demeure un symbole de la défaite historique de la Chine pour une majorité écrasante de chinois, et sa réintégration est considérée comme le parachèvement de l’œuvre de restauration de l’unité nationale entamée avec le retour des territoires administrés par les Occidentaux dans le giron chinois. Endosser la position adverse attirerait une remise en question de son patriotisme et peu de chinois s’y risquent. Il est donc crucial pour le pouvoir en place de rattacher entièrement Taïwan. 


Tout questionnement étranger quant au statut de Taïwan est perçu comme insultant et une ingérence des affaires internes chinoises reflétant de l’ignorance, de motifs ultérieurs ou d’une volonté de nuire à l’essor de la Chine. Les discussions diplomatiques sont donc particulièrement complexes. 

La problématique est également économique et géopolitique. Restaurer la grandeur de la Chine inclut de lui rendre le contrôle de sa sphère d’influence historique le long de ses frontières et dans les mers adjacentes afin que chacun lui témoigne le respect auquel aspire toute grande nation.”[3]

La RPC souhaite ainsi faire de la mer de Chine sa chasse gardée sans quoi elle deviendrait vulnérable aux éventuels blocus économiques des États-Unis, par une paralysie des routes maritimes. Cette crainte la pousse notamment à développer des routes terrestres : les nouvelles routes de la Soie.[4]

En outre, Taïwan est également considérée à travers le biais de la sécurité nationale. Les suspicions traditionnelles se cristallisent sur les menaces côtières ayant historiquement mené à la division de la Chine. Beijing est particulièrement sensible à la vision de l’île comme d’un “porte-avion insubmersible”, une appellation donnée par le Japon lors de sa colonisation puis reprise par les États-Unis qui maintenait des bases militaires à Taïwan durant la guerre froide. 

Les stratèges chinois préparent donc une stratégie maritime de “défense active” accordant ainsi une importance de premier ordre à obtenir le contrôle des mers proches de la Chine au sein de la “première chaîne d’îles” dans un territoire dominé par les alliés américains (Japon, Corée, Philippines).[5]  

  1. Position des États-Unis 

De la même façon, Taïwan constitue un nœud stratégique essentiel pour les États-Unis dans le Pacifique.

Cette place cruciale de Taïwan aux yeux de Washington résulte d’un processus historique amorcé au XXème siècle. En effet, lors de la guerre civile chinoise le Kuomintang nationaliste installé à Taïwan est en opposition avec le communisme de Mao en RPC. Ainsi, le dirigeant du Kuomintang Tchang Kaï-Chek, dont le mandat est en apparence chrétien et démocratique,[6]cristallise et transpose à Taïwan les espoirs des États-Unis dans la lutte contre le communisme. L’appartenance de Taïwan au camp occidental dans la guerre froide conduit les deux États à multiplier leurs relations économiques et stratégiques durant la seconde partie du XXème siècle, et ce même après le revirement stratégique américain et la signature du traité de Shanghai.[7]

Sur le plan économique, Taïwan connaît une croissance rapide qui conduit l’île à devenir l’un des “Tigres asiatiques”. Elle occupe dès lors une place prépondérante pour les États-Unis, occupant aujourd’hui la neuvième place dans le classement de ses principaux partenaires commerciaux. De surcroît, elle produit des micro-processeurs de pointe, lui conférant un rôle stratégique en matière d’informatique, de technologie de télécommunication, avec toutes les applications militaires qui en découlent. Le maintien de la stabilité du pays est donc nécessaire pour les intérêts économiques et industrialo-militaires des États-Unis (Note). 

D’un point de vue militaire, la position des États-Unis est particulièrement complexe. Leur stratégie en cas de confrontation avec la Chine repose sur un réseau d’alliances dans le Pacifique (Japon, Philippines, Australie). Ce réseau est essentiel pour deux raisons: d’une part la majeure partie des forces américaines est trop dispersée et éloignée des côtes chinoises pour être en mesure de réagir rapidement en cas de nécessité.’autre part la stratégie militaire des États-Unis en cas de conflit repose principalement sur la mise en place d’un blocus commercial à même de briser l’économie chinoise qui ne peut être mené sans le support de ses alliés les plus proches des côtes chinoise, au premier rang desquels se trouve Taïwan.

La confiance de ses alliés est donc un enjeu vital pour les américains. Cette assurance repose sur la certitude qu’ont les pays dans la loyauté des États-Unis avec ses vieilles liaisons diplomatiques (dont Taïwan fait partie) en cas de conflit. Or, cette croyance n’a rien d’évident à un instant où les États-Unis se désengagent du Moyen-Orient, ont remis en cause l’utilité de l’OTAN sous la présidence Trump, et où la population américaine paraît peu susceptible de supporter un conflit majeur et potentiellement nucléaire.

La gestion de l’essor de la Chine par les États-Unis au sujet de Taïwan est donc critique car la manière dont cette crise est gérée enverra le signal aux nations alliées sur la manière dont les États Unis sont prêts à soutenir un allié en cas de confrontation avec la RPC.

Si les États-Unis abandonnent Taïwan, cette confiance sera perdue ce qui fragiliserait considérablement les Américains et risque de conduire à l’effondrement de son réseau d’alliances en mer de Chine. Il est donc nécessaire pour les États-Unis de manoeuvrer afin de garder l’estime et rassurer leurs alliés ce qu’ils font notamment par des manœuvres en mer de Chine.  


Or, le soutien américain est limité par sa volonté de ne pas heurter la RPC sur la question de la Chine unique. De plus, Washington est conscient qu’une action semblable à celle de 1996 risquerait de mener à une guerre. C’est pourquoi les États-Unis insistent sur le fait qu’ils ne sont pas favorables à une indépendance de Taïwan et demandent aux Taïwanais de respecter les engagements des États-Unis envers la Chine lorsqu’ils formulent leurs requêtes. 

La Chine érode donc l’influence américaine et tend la situation tout en gagnant du terrain 

Le piège de Thucydide 

Sous l’ère Obama, le rêve américain d’une alliance avec la Chine s’estompe. La diplomatie des États-Unis opère alors un “pivot vers l’Asie”, et cherche à “repenser l’ordre géopolitique dans l’Asie-Pacifique” en faisant de la Chine leur priorité. 

Pour Washington, la Chine représente une menace économique et technologique puisque les BATX concurrencent les GAFAM. En matière de technologie anti-satellite, de cyber attaques, et d’intelligence artificielle, la Chine domine. 

Le déficit américain à l’égard de la Chine, croissant depuis 1985 atteint le record de 420 Milliard de dollars en 2018. Le PIB chinois dépasse actuellement les 70% du PIB américain. 

La stratégie de pivot vers l’Asie est reprise avec agressivité par Trump pour qui l’essor économique de la Chine signifie forcément un échec des États-Unis. Il s’agit donc d’isoler la Chine et de l’affaiblir en accumulant notamment les démonstrations de rapprochement avec Taipei (visites de plusieurs officiels dans l’île, ventes d’armes, levée des restrictions de contact pour les diplomates etc.[8])

Trump modifie le nom de ses forces militaires déployées en Asie qui de “commandement des forces américaines dans le Pacifique” devient “Commandement des forces américaines dans l’indo-pacifique” reflétant, selon le professeur Michael Klare “la connectivité croissante entre le Pacifique et l’Océan Indien autant que la détermination de Washington à rester la puissance dominante.”[9] Le Président Emmanuel Macron se range dans cette position et est cité comme allié par le Pentagone dans son “Indo-Pacific strategy report”[10]

Cette rivalité demeure le seul point d’accord entre le Président Biden et son prédécesseur et réconcilie républicains et démocrates. Elle s’inscrit donc comme un point majeur de l’agenda géopolitique des prochaines années.
Ainsi, succédant aux soviétiques et au terrorisme islamique, la Chine devient l’adversaire principal des États-Unis. 

Au travers de ces différentes évolutions, le soutien des États-Unis à Taïwan sous l’administration Biden demeure « solide comme un roc », assure Washington tout en appelant Pékin à cesser ses « tentatives d’intimidation ». Washington « continuera à aider Taïwan à maintenir une capacité d’autodéfense autonome ». À peine nommé, Lloyd Austin, chef du Pentagone, rappelle que « les États-Unis restent opposés à toute tentative unilatérale de changer le statu quo en mer de Chine orientale » et multiplie immédiatement les appels aux alliés de Washington dont les relations avec Pékin sont houleuses.

En effet, le statu quo était, jusqu’alors, favorable aux États-Unis mais la Chine ne s’en satisfait plus et souhaite une évolution nécessaire à la réalisation des enjeux symboliques et stratégiques liés à la réintégration de Taiwan. Or, les États-Unis sont tentés de se lancer dans une confrontation pour arrêter la Chine avant qu’il ne soit trop tard. L’enjeu pour les Etats-Unis étant non seulement Taïwan mais l’ensemble de la stratégie dans le Pacifique, il est peu probable que les Etats-Unis acceptent d’être dominés. 

Les ventes d’armes des États-Unis à Taïwan poussent la RPC à moderniser ses capacités militaires. Or cette militarisation attise à son tour les soupçons de Washington. Conscient du temps qui sépare encore la puissance militaire de la Chine de celle des États-Unis, la Chine se montre patiente et modifie progressivement les données dans la mer de Chine méridionale en s’adaptant à la résistance rencontrée.[11]  Tant que la situation évolue en faveur de la Chine, celle-ci n’opte pas pour un conflit armé. En revanche, si cette tendance s’inverse, elle pourra opter pour un conflit militaire restreint afin de démontrer sa force de frappe.[12]

Cette stratégie diplomatique est propre à la Chine. Selon Kissinger, “Les hommes d’État chinois n’étaient pas adeptes du tout ou rien dans le règlement d’un conflit; ils préféraient se livrer à de longues manœuvres complexes. Là où la tradition occidentale prisait les affrontements décisifs et les exploits héroïques, l’idéal chinois insistait sur la subtilité, les mesures indirectes et la patiente accumulation d’avantages relatifs.[13] Cette politique progressive du fait accompli tend considérablement Washington. Pourtant, la Chine ne favorise la force militaire qu’en dernier recours et à raison. 

Un conflit armé œuvrerait en défaveur des deux puissances. Selon une étude publiée par le RAND en 2016, après un an de graves conflits non nucléaires, le PIB subirait un recul de 10% du PIB aux Etats-Unis et jusqu’à 35% du PIB en Chine.[14] Pourtant, un tel conflit n’est pas inenvisageable pour autant puisque des guerres surviennent quand bien même les dirigeants auraient tout fait pour l’éviter. Ainsi, dès la Crise du détroit de Taïwan en 1996, une guerre aurait pu être déclenchée sur un malentendu. 

Malgré les tactiques de désescalade de la situation, ces provocations tendent Washington et aboutissent parfois à un échec. Comme le fait remarquer Shelling, le conflit stratégique est au fond un concours de prises de risques. En effet, lorsque les Etats ordonnent des “frôlements” entre navires et avions, lorsqu’ils ne dévient pas de leur trajectoire, ils risquent une collision fatale mais s’ils cèdent trop fréquemment, ils seront repoussés hors de la voie de manière définitive. Ainsi, une simple collision qui devient très probable peut déclencher un engrenage et mener à une guerre. 

Aujourd’hui, des incidents tels que la crise du détroit de Taïwan sont fréquents en mers de Chine où les fréquents passages de navires et avions chinois accumulent les provocations afin de tester les limites américaines. Ainsi, lors de l’arrivée de Joe Biden à la Présidence des États-Unis, Pékin  déploie chasseurs et bombardiers dans la zone d’identification aérienne de défense de Taïwan, testant ainsi les limites de la nouvelle administration américaine et envoyant « un avertissement solennel » aux « indépendantistes » taïwanais.[15]

En 2020, l’aviation chinoise fait 380 incursions dans la zone de défense aérienne de Taïwan, « Les objectifs des autorités chinoises sont de normaliser ces incursions en ‘internalisant’ le détroit de Taïwan, de tester la défense antiaérienne et d’accélérer le vieillissement des capacités aériennes de Taïwan, de démoraliser la population en exerçant une pression psychologique sans précédent et de jauger la réaction de la communauté internationale », selon Antoine Bondaz, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.[16]

Comment échapper au piège ?

Le rééquilibrage de ces deux puissances constitue dès lors un enjeu majeur des prochaines années. 

Plusieurs méthodes sont envisageables et sont à tirer des leçons de l’histoire. On distingue ainsi les solutions temporaires ayant pour but de calmer les tensions et développer une coopération entre les deux pays, les solutions globales et les simples éléments stabilisateurs. 

Les premières garanties en faveur de la paix reposent sur de simples éléments stabilisateurs comme l’équilibre de la terreur et l’interdépendance économique. Celles-ci sont cependant fragiles. 

Ainsi, si une culture commune permettrait d’éviter des conflits, un tel cas de figure est inenvisageable entre la Chine et les États-Unis du fait de l’antagonisme des valeurs.

Cependant, il demeure indéniable qu’une compréhension plus profonde des enjeux pour chaque pays réduirait les risques d’une confrontation.

De plus, “l’équilibre de la terreur” reposant sur la crainte d’un conflit nucléaire pourrait rendre toute confrontation impossible en raison du coût démesuré pour les deux pays “les deux nations doivent donc intégrer cette donnée brute dans l’élaboration de leur politique étrangère.” Or, cet argument est limité par le fait que les Etats investissent dans des armes nucléaires tactiques miniaturisées, susceptibles d’être utilisées localement sur le champ de bataille, ce qui accroît considérablement le risque d’engrenage aboutissant sur un conflit . Par ailleurs, la destruction mutuelle assurée n’a pas empêché l’URSS et les États-Unis de se trouver au bord de la guerre nucléaire à plusieurs reprises.[17]

L’interdépendance économique entre les deux puissances conduit à la même logique de destruction mutuelle assurée qu’entre deux puissances nucléaires : une guerre économique et informatique entre les États-Unis et la Chine serait extrêmement coûteuse car l’interdépendance économique entraîne une hausse du coût de la guerre telle qu’elle diminue donc la probabilité qu’elle soit déclarée par un équilibre de terreur économique.[18] Il en est de même avec Taïwan qui est l’un des investisseurs les plus importants en RPC. Cependant, les deux pays cherchent à réduire cette dépendance concernant les ressources stratégiques, ce qui pourrait rendre un conflit local envisageable. Surtout, le danger fondamental de la mise en place de lignes rouges dans le piège de Thucydide est qu’il conduit mécaniquement au conflit, en présence même d’une analyse pondérée qui révélerait le coût prohibitif du conflit. 

Une solution locale est donc nécessaire.

Parmi les solutions temporaires qui visent à calmer les tensions et développer une coopération, les deux pays pourraient s’entendre sur un accord où chacun accepterait de céder à l’autre un peu de ce à quoi il tient le plus. Ainsi, les États-Unis pourraient limiter leurs rencontres avec le Dalaï-Lama en échange de contraintes concernant l’espionnage industriel chinois, ou cesser la vente d’armes à Taïwan si la Chine s’engageait à contraindre Pyongyang de cesser ses essais de missiles.[19] La liste des accords possibles est longue et un nombre conséquent sont étudiés. Les États-Unis pourraient notamment, dans une logique d’adaptation, limiter leur soutien à Taïwan en échange de concessions de la RPC en mer de Chine.[20] Ces concessions permettraient un répit salutaire pour se concentrer sur un règlement plus en profondeur. Les États-Unis accepteraient-ils cependant de reconnaître une influence chinoise s’étendant aux pays limitrophes?  

Plusieurs tentatives d’approche ont eu lieu. En 2005, Kenneth Lieberthal, professeur et homme politique spécialisé dans les évolutions des relations entre la Chine et les États-Unis, suggère que la Chine et Taïwan concluent un modus vivendi pour une durée de 20 à 30 ans durant lesquels la Chine promettrait de ne pas user de la force pour régler cette impasse en échange de quoi, Taïwan ne déclarerait pas son indépendance.[21]

Les États-Unis prêteraient main forte pour faciliter le dialogue et aideraient à procurer un soutien international à l’accord. Lieberthal était conscient que la défiance mutuelle, le manque de chaines de communication adéquates et l’incertitude au sujet de la compatibilité des opinions de chacun constituent des obstacles qui seraient peut être insurmontables.[22]

Cependant, la nouvelle présidente de Taïwan Ma Ying-Jeou incluait dans sa campagne l’éventualité d’un tel accord. Il aurait la vertu d’apaiser les tensions par la consécration du statu quo.

De même Joseph Nye recommande en 1998 un accord selon lequel les États-Unis déclareraient leur opposition à la fois à l’indépendance de Taïwan et à l’usage de la force par la Chine, que la Chine laisse un espace international à Taïwan selon la formule “Une Chine, trois systèmes”, à la condition que Taipei déclare publiquement ne pas chercher l’indépendance mais s’engage plutôt à plus de dialogue et promeuve les échanges économiques et de personnes. L’exemple de Hong Kong  fait craindre aux taiwanais que le modèle de la Chine à deux systèmes ne soit qu’un appât voué à disparaître. En effet, Pékin redéfinit sa vision d’« un pays, deux systèmes » dans le Livre blanc adopté en juin 2014 « Le haut degré d’autonomie n’est pas la totale autonomie, ni une décentralisation du pouvoir. C’est le pouvoir de mener les affaires locales comme l’autorise la direction centrale”[23], vision qui ne saurait convenir à Taipei.[24]

Bien que particulièrement complexe à mettre en place, une solution globale apparaît nécessaire.

En 2012 Xi Jinping propose au Président Obama de former avec lui de “nouvelles formes de relations entre grandes puissances”.[25] Les États-Unis et la Chine s’engageraient ainsi à respecter mutuellement leurs intérêts primordiaux. Bien qu’Obama puis Trump aient rejeté l’accord, rien ne les empêche de proposer une autre conception de ces relations. L’enjeu est pour la RPC de demander un respect de la sphère d’influence respective de chacun. Cette requête est la même que celle déjà formulée par la Russie. Cela requiert un renversement du paradigme diplomatique américain dominé par l’interventionnisme dans toutes les zones du monde pour asseoir ses intérêts et son modèle.

Une telle acceptation par les États-Unis des intérêts légitimes chinois reviendrait à initier un ordre multilatéral qui pourrait être l’occasion de relancer les institutions internationales. 

Pour comprendre quelles sont les marges de manœuvre en vue de parvenir à un tel accord, il est nécessaire de se rendre compte de la position relative de chacun. Il apparaît alors que la relation est relativement asymétrique, du moins sur le plan militaire. Le développement de la puissance militaire chinoise tend Washington, et surtout lui fait craindre une extension des objectifs stratégiques de la Chine au-delà de la scène régionale. Ces craintes sont soutenues par une politique économique et diplomatique ambitieuse, aussi bien sur le plan interne et diplomatique à l’international qui rencontre un succès plus marqué que ses équivalents américains. Washington craint avant tout la concurrence avec la Chine dans le rôle de leader mondial. En revanche, la Chine ne représente nullement une menace pour la souveraineté des États-Unis. Ses capacités militaires sont bien en deçà de celles des Etats-Unis, ses capacités de projection sont bien plus limitées encore, et elle ne dispose d’aucun allié, d’aucune base sur le territoire américain.

Point plus important encore, la Chine ne cherche pas à menacer ou envahir le territoire américain. De même, elle ne prépare aucune intervention dans les affaires intérieures américaines et ne mène pas de campagne dans le but de détruire l’économie américaine.[26] On ne peut pas en dire autant des États-Unis pour lesquels Taïwan constitue avant tout un élément crucial de son dispositif militaire dans le Pacifique, précisément parce qu’il est nécessaire au succès d’un conflit contre la RPC.

C’est donc la position américaine qui impose une telle logique de conflit. L’échec des États-Unis à maintenir son avance économique, technologique et stratégique les conduit à voir dans les avancées de la Chine une remise en cause de leurs intérêts mondialisés.

Le rôle de leader mondial des États-Unis est à présent constitutif de leur identité au point qu’ils confondent intérêt stratégique au niveau mondial et intérêt vital pour l’existence de leur pays. Autrement dit, ils sont prêts à risquer une guerre totale parce qu’ils conçoivent l’abandon de leur place prééminente dans le Pacifique comme une atteinte à leurs intérêts vitaux. Pourtant, une solution pourrait être trouvée. Seulement, elle impliquerait de reconnaître les intérêts auxquels peut prétendre la Chine au regard de sa puissance nouvelle. Cela n’implique pourtant pas la renonciation des États-Unis à leur leadership mondial, mais pourrait être l’occasion d’une remise en question d’un modèle qui a rencontré ses limites. 

Cependant, au fur et à mesure que les tensions s’accroissent, il est évident que la Chine développe une stratégie de plus en plus agressive qu’elle considère répondre aux menaces dont elle fait l’objet. Or, cette militarisation reste pour le moment largement locale, et si elle peut être à l’origine de tensions avec ses voisins, elle ne justifie nullement la préparation des États-Unis à une guerre ouverte. 

Elle a cependant pour effet collatéral d’intimider les États frontaliers de la Chine. Or tant que ces problématiques ne sont pas résolues, les États-Unis ont une bonne raison de maintenir leur engagement en Mer de Chine. Ils ne peuvent céder sur ce conflit local tant que la Chine ne parvient pas à rassurer ses voisins. De ce point de vue, la politique chinoise qui tend à devenir de plus en plus agressive échoue largement à apaiser la situation. L’exemple de Hong Kong rend les générations de Taïwanais les plus attachées au modèle démocratique particulièrement réticentes à envisager une intégration. De même, les ingérences dans la politique australienne conduisent Canberra à accepter une guerre économique et diplomatique contre son principal partenaire commercial.[27] Chacune des grandes puissances a donc sa propre marge de manœuvre pour mettre un terme à l’escalade vers le conflit. Il reste à savoir si elles seront prêtes à faire évoluer leurs ambitions personnelles dans leur intérêt commun.


[1] An Gang, chercheur à la Pangoal Institution 

[2] Graham Allison, Vers la guerre. L’Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ?, Paris, Odile Jacob, 2019.

[3] Graham Allison, Vers la guerre: La Chine et l’Amérique dans le piège de Thucydide 

[4] A partir de 2013 Xi Jinping lance sa politique des nouvelles routes de la Soie, à la fois ferroviaires, trerrestres et maritimes, ce qui permet de sécuriser les approvisionnement chinois. La Chine tire alors profit de l’engagement militaire des Etats-Unis en mettant l’accent sur la dichotomie avec la Chine, qui elle, exporte des infrastructures et non pas des conflits armés .

[5] M. Taylor Fravel, “China’s Changing approach to Military Strategy: The science of military strategy from 2001 to 2013”, 2016

[6]  Cette vision est à inscrire dans le contexte auquel elle appartient: guerre froide, dichotomie capitalisme et communisme 

[7] Les contacts personnels entre Taïwan et les Etats-Unis se multiplient par la suite et Taïwan, en comparaison avec la Chine, apparait comme comme un idéal capitaliste ouvert au reste du monde.

Durant la seconde partie du XXeme siècle, les relations entre Taïwan et les Etats-Unis s’approfondissent. Le gouvernement procure ainsi une aide matérielle et technique aux Etats-Unis lors de la guerre du Vietnam (qui refusent l’aide sur le terrain de peur de s’attirer les foudres de la Chine). 

[8] Les Echos; “Les Etats-Unis lèvent les restrictions de contact imposées à ses diplomates”; https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/taiwan-les-etats-unis-levent-les-restrictions-de-contacts-imposees-a-ses-diplomates-1279802

[9] Michael T. Klare “Girding for confrontation: the Pentagon’s provocative encirclement of China”, TomDispatch, 19 juin 2018

[10] Cf Jean Dominique Merchet “Selon un document du Pentagone, la France est un “ allié clé” face à la Chine” L’Opinion, Paris, 27 juin 2019

[11]  Graham Allison, Vers la guerre: La Chine et l’Amérique dans le piège de Thucydide 

[12]  ibid

[13]  H.Kissinger,De la Chine,op.cit.,p.43

[14] David Gompert,Astrid Cevallos e Christina Garafola, War with China: thinking through the unthinkable, santa Monica,RAND Corporation, 2016, p.87et 48-50

[15] Les Echos, Asie : Joe Biden resserre les rangs de ses alliés face à l’hégémonie de la Chine, Claude Fouquet, Publié le 29 janv. 2021, Consulté le 15 septembre 

[16] Les Echos, ​​Pékin teste la volonté américaine dans le détroit de Taïwan, Frédéric Schaeffer (Correspondant à Pékin), Publié le 17 mars 2021 à 10:00, consulté le 15 septembre 2021

[17]   cf la Crise de Cuba

[18]  Ian Bremmer “China vs America: Fight of the century”, Prospect, avril 2010

[19]  Lyle Goldstein, “Meeting China halfway: how to defuse the emerging US-China rivalry, Washington, Georgetown university press, 2015

[20]  Charles Glaser “A U.S.-China grand bargain?”,International Security, printemps 2015,39 (5),p.49-90

[21]  Kenneth Lieberthal, “Preventing a War Over Taïwan”, Foreign Affairs (March/April 2005).

[22]  Ibid

[23]  « The practice of one country, two systems policy in Hong Kong Special Administrative Region », Conseil d’État de la République populaire de Chine, publié par China Daily, Pékin, 10 juin 201

[24] Le Monde Diplomatique, Colère à Hong Kong, Poudrière géopolitique, par Martine Bulard, Septembre 2019

[25] Cheng Li et Lucy Xu, “Chinese enthusiasm and American cynicism over the “New type of great power relations” China-Us Focus,4 décembre 2014

[26] Kishore Mahbubani, “Et si on changeait de lunettes”, Le Monde diplomatique, Manière de voir, n°170, avril-mai 2020

[27] Les échos; “Huawei et ZTE exclus du marché australien de la 5G”, Par Sébastien Dumoulin

Publié le 23 août 2018, Mis à jour le 23 août 2018, https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/huawei-et-zte-exclus-du-marche-australien-de-la-5g-13722