Groupe Socialiste Universitaire


Veille

Veille #1.2 – Primaire écologiste : Quatre (+1) sur la ligne de Départ

Posté le 21 août 2021 par Groupe Socialiste Universitaire

Quatre (+1) sur la ligne de départ

Ils seront donc quatre (+1) à briguer l’investiture en septembre d’un regroupement de cinq partis : Europe Ecologie les Verts, Génération Ecologie, Génération.s, le Mouvement des Progressistes et le Mouvement des écologistes indépendants.

La primaire reste dominée par la candidate EELV avec Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau. Le parti Génération Ecologie a aussi une candidate, sa présidente, l’ancienne Ministre, Delphine Batho.

S’ajoute à ces quatre candidats un cinquième luron : Jean-Marc Governatori, le centriste. L’ancienne tête de liste écolo à la mairie de Nice a vécu quelques petits désagréments. En effet, le niçois est soutenu par le parti Cap écologie qu’il codirige avec Corinne Lepage. Toutefois, le parti fut exclu de l’alliance portée par EELV dans le cadre de la primaire après que celui-ci ait soutenu une autre initiative, celle du PRG, pour « une coalition indépendante du centre gauche écologiste et républicain ». Ce renvoi de CAP21 de l’alliance provoque de fait, la perte par Governatori de l’ensemble de ses parrainages. C’est donc finalement par la voie des tribunaux que Jean-Marc Governatori obtient son intégration à la primaire (voir Libération).

Entre le 7 juillet, date du renvoi de CAP 21, et le 29 juillet date du jugement, Jean-Marc Governatori a eu le temps de rater, le 12 juillet, la photo officielle des candidats. Qu’à cela ne tienne, le candidat a réussi à trouver le moyen de faire parler de lui – et de se mettre à dos un bon nombre de gens – dans une vidéo publiée sur Facebook le 4 aout où il parle de la possibilité que certaines maladies puissent avoir été créées. A noter que les écologistes ne sont pas à leur premier tremblement de terre en rapport avec la pandémie. En effet, Michèle Rivasi, membre d’eelv, ancienne finaliste des primaires écologistes de 2016, a dans un tweet du 13 juillet, supprimé depuis, fait le lien entre le Pass Sanitaire et l’apartheid. Après s’être fait publiquement rappeler à l’ordre par Julien Bayou et Sandra Régol, respectivement n°1 et n°2 d’eelv, la députée européenne s’est excusée de cette comparaison.

Jadot et Piolle, le duel annoncé.

Les deux candidats représentent chacun une extrémité d’eelv. Yannick Jadot, déjà candidat des verts en 2017 et député européen représente la volonté d’eelv de devenir un parti de gouvernance. Le député européen essaye d’aller contre l’étiquette d’ « amish » ou d’ « Ayatollah de l’écologie » dont eelv a pu être affublé. Jadot essaye donc de casser cette image, comme en témoigne son interview du 7/9 de France inter, dont nous vous parlions dans la veille média du premier juillet. Pour résumer : une position plus mesurée sur les antennes 5G – il reste contre mais ne reviendra pas dessus s’il est élu – et il réitère son attachement à la « valeur de la laïcité ». Dans l’obs du 1er juillet Jadot proposait même à Anne Hidalgo de le rallier pour qu’elle devienne présidente … de l’Assemblée nationale.

Mais avant de se débarrasser d’Hidalgo, Yannick Jadot doit gagner la primaire. Cette même primaire qu’il avait voulu éviter en appelant à une désignation d’un candidat écologiste dès « janvier 2021 ». La raison de cette volonté de contournement peut avoir un visage : celui d’Eric Piolle. Eric Piolle, maire de Grenoble, semble être le némésis politique de Jadot, considérant qu’il a pu défendre une conception de la laïcité plus libre – plus proche en tout cas de celle de la France Insoumise que du Printemps Républicain – que celle de Jadot tout en restant fermement ancré dans une écologie de gauche.

Dans les deux cas, ces positions ont fait l’objet d’attaques. Le 17 août, Marlène Schiappa faisait mention de l’affaire du “burkini à Grenoble” sur twitter en réponse à une vidéo de Piolle où il appelait à un accueil des réfugiés afghans. Il en va de même pour ses positions sur la 5G où sa phrase : « La 5G servira à regarder du porno dans l’ascenseur en HD », est régulièrement sortie du placard.

Dans son duel avec Piolle, Jadot à un avantage : les sondages sur la présidentielle. En effet, dans un sondage d’Avril 2021 de l’ifop pour le JDD et et Sud Radio, Jadot candidat écolo fait 7%, Piolle 2%. De cet avantage dans les sondages Jadot espérait le soutien des cadres d’eelv. Raté, c’est Eric Piolle qui arrive en tête des parrainages. La raison de cette échec est double pour Jadot.

→ D’abord, sa poussée d’égo, appelée aussi le « melon à Jadot« , après les européennes, où il a annoncé dès le soir des (bons) résultats qu’il y aurait un candidat vert en 2022, comme s’apprêtant à annoncer sa propre candidature. Ce comportement n’a pas plus à David Cormand, alors Secrétaire National d’eelv, et à son successeur Julien Bayou. Les deux ont dû rappeler à l’ordre Jadot, respectivement chez Médiapart et chez LCP/PublicSénat.

→ Ensuite, les écarts idéologiques forts entre Jadot et les autres partis que regroupe cette primaire, à commencer par Génération.s,. Même si, selon le Monde, Piolle est déjà devant dans les parrainages venus d’eelv, l’écart entre les deux têtes de la primaire se fait grâce au parti fondé par Benoît Hamon. Le parti n’apprécie apparemment pas la propension de Jadot à parler plus d’un rassemblement des écologistes que d’un rassemblement de la gauche et des écologistes. Ainsi la direction prise par Jadot, soit la mise au second plan des idées  de gauche – revue depuis par Jadot notamment dans l’obs – ne passe pas chez Génération.s . Profitent donc du parrainage de Génération.s Piolle, mais surtout Rousseau.

A noter que pour riposter à ce manque de soutien venu de son parti, Jadot a fait publier, à l’instar de Anne Hidalgo, une tribune de ses soutiens. Ils sont donc 330 élus à soutenir Yannick Jadot. Le statut d’élu est important car, comme le rappelle Franceinfo, en juin Piolle avait eu le droit à une tribune signée par 350 personnes, mais seulement des militants. La question se pose donc : 330 élus, ça vaut plus ou moins que 350 militants ?

Batho et Rousseau : candidatures à ne pas oublier

Un point n’est pas à oublier dans l’équation de la primaire écolo : il n’y aura pas de sondage. S’ajoute à cela, le flou sur le nombre de votants à la primaire. On peut penser qu’ils seront au moins 70 000 (chiffre annoncé des adhérents à chacun des partis constituant le pôle écologiste). S’ajoutent à ces 70 000 adhérents, selon le Parisien, 12 000 inscrits – qui ont dû s’acquitter de la somme de 2€ – pour voter à la primaire. Plus que l’absence de sondage, c’est l’historique des primaires écolo qui nous apprend que jamais rien n’est joué avant l’élection. D’autant que Batho et Rousseau ont de sérieux arguments.

Batho est députée, une espèce disparue chez les écologistes depuis la débâcle de 2017. Delphine Batho a surtout été ministre de François Hollande, un socialiste. Deux arguments de taille dans une perspective de rassemblement de la gauche. En effet, le fait d’avoir été aux responsabilités et d’avoir été membre du PS peut servir dans le rêve de ce pôle écologiste de fédérer l’ensemble de la gauche et des écologistes derrière la candidate ou le candidat choisi. L’étiquette ancienne PS peut, cependant, aussi se retourner contre elle… (cf. le #PlusJamaisPS)

Sandrine Rousseau peut elle aussi rêver d’une réussite. Elle est à l’image d’Eva Joly en 2011 ou de Yannick Jadot lors des primaires de 2016. Rousseau revendique avoir parfaitement respecté les règles de la primaire. Ce fut la première à se déclarer candidate, le 5 septembre 2020. Elle n’a jamais, au contraire de Piolle et Jadot, laissé penser qu’elle pourrait passer outre le parti. Sandrine Rousseau a quand même joué le jeu de la diversité d’origine politique en ayant recruté trois porte-paroles issus de différentes sensibilités politiques représentées dans la primaire. Une est issue d’eelv, un de génération, la troisième est une militante associative. Cette minutie dans le choix de ces porte-paroles peut expliquer, en partie, qu’elle ait réussi à devancer Jadot dans les parrainages venus du mouvement génération.s faisant jeu égal avec Piolle.

La question qui se pose est de savoir si cette campagne, avec peu de grands coups au contraire de ses deux adversaires masculins, rassurera ou au contraire ennuiera les électeurs de la primaire. A noter que malgré une candidature lancée en septembre 2020, elle n’a jamais été testée dans les sondages, au contraire de Jadot et Piolle.

Grégoire Perrot & Oriane Teixeira