Groupe Socialiste Universitaire


Institutions, Recherches

Pour un nouveau contrat social – Introduction

Posté le 27 janvier 2020 par Groupe Socialiste Universitaire

Par Amaël Ourvoie, président du GSU de Paris 8, Sarah Vaccaro, membre du pôle institution, Maïwen Blandin, membre du pôle institution, Emilien Goguel-Mazet, doctorant en droit public, membre du pôle institution, Marco Frizon, président du GSU de la Sorbonne, Mario Guiglielmetti, membre du pôle institution.

Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que les millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action, qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre, qu’ils sauront se combattre sans se déchirer, que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile et qu’ils ne chercheront pas dans une dictature passagère une trêve funeste et un lâche repos”. 

C’est par ces termes forts que Jean Jaurès s’adressa à la jeunesse dans son célèbre discours d’Albi du 30 juillet 1903. Socialiste convaincu, républicain idéaliste, Jaurès pose là une question dont la réponse est à la fois claire, mais qui est aussi conditionnée par les actes du peuple républicain pour ce qui relève de son avenir. L’enjeu était grand et le député du Tarn l’avait bien compris en énonçant cette définition de la République, et par la même occasion, de l’esprit républicain. 

A cette époque, la III République venait tout juste d’être installée qu’elle était déjà ébranlée par des scandales à répétition, l’émergence du populisme boulangiste et de fortes inégalités sociales vectrices de conflits. Sa période et la nôtre sont, à bien des égards, assez similaires. Les structures sociales se délitent, “l’ascenseur social” apparaît ne plus fonctionner, les inégalités se creusent, nos institutions sont constamment remises en cause et l’unité nationale semble toute relative. Si la République repose sur un acte de confiance, cette confiance est indéniablement rompue. Le contrat social de notre nation se doit de se renouveler.

Que fait la gauche ? Elle, qui avait parié sur les droits et libertés consacrés par nos textes fondamentaux, sur l’instruction gratuite et obligatoire et sur les droits sociaux, doit réaffirmer sa conviction en l’unité républicaine qui s’incarne dans les principes de liberté, égalité et de fraternité. 

Il existe aujourd’hui une incompréhension manifeste conduisant une partie de la gauche à abandonner certains fondamentaux qui sont censés garantir l’unité d’une nation. En France, c’est la laïcité qui semble avoir fait les frais d’une négligence grave. C’est un principe qu’une partie de la gauche ne comprend plus, ne saisit plus et ne sait pas défendre, alors même qu’elle en est à l’origine. La récente déclaration du premier secrétaire du Parti socialiste sur ce sujet, si elle est salutaire, n’en est pas moins symptomatique de l’absence de clarté qui règne à ce sujet. 

De la même manière, nous n’avons pas réussi à préserver, diffuser et moderniser l’esprit républicain dont parle Jaurès. Ce rôle devrait être rempli par l’École gratuite, obligatoire et laïque. Jean Zay disait que “les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas”. Mais cet objectif de l’école a été fragilisé par les polémiques interminables entrées en confrontation avec la rigueur nécessaire à l’apprentissage. Pour autant, résoudre les problèmes liés à l’école ne pourra s’envisager seulement à l’intérieur des murs de l’institution. Il faut donc aborder les problèmes de l’institution scolaire dans toutes ses dimensions sociales. La question de l’autorité du corps enseignant, la question de la légitimé de l’école et de la vérité du savoir, la question de l’éducation au cours de la vie, toutes ces questions rendues encore plus difficiles par la montées croissante des inégalités pour laquelle l’école française ne fournit pas de réponse aujourd’hui satisfaisante.

Il faut revenir à la philosophie première qui vise à émanciper l’individu, lui permettre  d’avoir des repères intellectuels et moraux en cohérence avec l’idée de contrat social. 

Mais cette idée républicaine ne trouve plus de sens à partir du moment où les citoyens n’ont plus de repères les rattachant à la nation. La source première de cela tient, à notre sens, aux inégalités croissantes que nous ne parvenons pas à réduire. La plus ancienne d’entre elle n’est d’ailleurs toujours pas éradiquée : il s’agit de l’inégalité entre les hommes et les femmes. 

Le constat étant réalisé, alors quel programme de réflexion ? 

Partant de ces fondamentaux, il s’agira de porter notre réflexion autour de la redéfinition même des institutions françaises et de leur rôle dans la société française actuelle. Pour cela, il faudra alors déconstruire chaque idée reçue pour travailler à la construction d’un futur institutionnel correspondant aux besoins du peuple français, dans un contexte d’épuisement des ressources naturelles et de dérèglement climatique.

Nous nous attacherons à produire des rapports détaillés de nos travaux, construisant une réflexion complète et moderne autour des institutions françaises. De l’utilité d’un homme providentiel à la nécessité d’un etat providence, en passant par l’école et la religion, nous traiterons de l’ensemble des points qui nous semblent essentiels.