Groupe Socialiste Universitaire


Europe et géopolitique, Recherches

Jusqu’où va l’Europe ?

Posté le 10 mai 2020 par Groupe Socialiste Universitaire

Dans la nuit du 31 janvier 2020, l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne – Brexit – est devenu effectif. Coup de tonnerre en Europe ! Au matin du 1er février se lève alors un grand paradoxe dans le continent : rien n’a bougé et pourtant, tout a changé. Le continent reste en place, et pourtant ses frontières sont remises en cause. Il est ainsi important de ne pas confondre l’Europe et l’Union européenne. L’Europe est le continent qui regroupe l’ensemble des pays de la péninsule occidentale de l’Eurasie. Elle est une civilisation qui repose sur une histoire millénaire. L’Union, quant à elle, est une communauté d’États qui se regroupe sous une entité économique et politique commune. On peut faire partie de l’Europe sans intégrer l’Union, telle est la double dynamique interne qui traverse le continent.

La Grande Bretagne qui avait intégré le marché commun en 1973 s’est séparée cette année de l’Union à la suite du référendum de 2016. Si le Brexit fait perdre en termes économiques, la sortie du Royaume-Uni révèle quelque chose de fondamental – l’Union n’est pas « la prison de peuples » et en sortir est possible, la question est à quel prix[2]. « Nul ne peut mesurer la part de consensus et la part de contrainte dans la solidité des empires » disait Maurice Duverger. L’Union européenne fonctionne comme une entité qui doit constamment se légitimer et prouver ses apports aux membres qui la composent. C’est ici que le Brexit devient problématique ; une fois la Grande Bretagne sortie, rien n’empêche d’autres pays membres de suivre cette tendance. Le projet européen s’est construit en termes exclusivement positifs et n’avait pas prévu qu’un pays veuille s’en acquitter. Au terme du Brexit, c’est le danger d’une Europe à reculons qui se dessine sous la critique d’une « Europe de technocrates » montante, déjà caractérisée par l’arrivée en 2014 au Parlement Européen de partis europhobes en France, au Royaume-Uni et au Danemark. Au surplus, ce sont les frontières de l’Union qui risquent de se rétrécir au cours du XXIème siècle.

Pour comprendre l’enjeu des frontières européennes et de celles de l’Union, il nous faut d’abord définir le concept de frontière. Nous partirons ici de la définition donnée par le géographe Michel Foucher dans son dernier ouvrage « Le retour des frontières »[3]. Une frontière, lorsqu’elle est internationale, est une institution. Bien plus qu’une chaîne de montagnes, elle fait l’objet de traités et est soumise à un processus défini, du dépôt du dossier du traité de délimitation aux Nations Unies aux démarcations sur le terrain par des commissions dédiées. Il s’agit donc d’une véritable institution du droit international qui sert à définir le périmètre de l’exercice d’une souveraineté étatique – juridique, économique, fiscale et régalienne. La frontière participe de l’identité nationale et de la citoyenneté – elle délimite l’extérieur et définit à l’intérieur une communauté humaine. Il y a en effet là deux dynamiques dans la question des frontières, celle des limites et celle, plus symbolique, de l’appartenance. L’Union européenne souffre de ce malaise pour ses positions stratégiques et politiques, n’ayant pas défini clairement l’intérieur et l’extérieur de son territoire.

À cette étape, il nous faut déconstruire les idées fausses qui ont pu être émises sur les frontières. Une frontière n’est pas absolue et celles de l’Europe ont bien évolué dans le temps.  La mondialisation néolibérale ne traduit pas un monde sans frontières, mais davantage un monde de franchissements. Les populations bougent et voyagent plus, et les États échangent de plus en plus entre eux. Par exemple, les frontières extérieures de l’espace Schengen sont traversées chaque année par environ 450 millions de personnes, parmi lesquels 250 millions de ressortissants européens, pour ne citer qu’eux. Dans ce sens, les huit tracés successifs de Schengen ne traduisent pas une instabilité, sinon un renforcement des frontières. De plus, la problématique frontalière ne doit pas se confondre à un cloisonnement, à une barrière, à un mur ou à une logique anti-migratoire : il est important de ne pas confondre migrations et frontières. Certes, il existe aujourd’hui des phénomènes de durcissement des frontières liées à des questions migratoires, mais celles-ci encore une fois prennent de multiples dimensions. Il existe des clôtures post-conflits, produits de disputes territoriales gelées comme le cas de Chypre, et des clôtures d’interdiction ; de sortir, comme le Mur de Berlin ; et de rentrer, comme entre la Hongrie et la Serbie depuis 2016. Les frontières sont un enjeu géopolitique territorial important. Si elles définissent une souveraineté, leur réaffirmation ne signifie pas nécessairement un repli sur soi sinon un projet expansionniste. Se pose enfin la question des méta-frontières. Elles ne fonctionnent pas tant en termes juridiques mais agissent en zones d’influences, et peuvent être un élément pertinent pour comprendre les enjeux géopolitiques dans l’Est de l’Europe avec la Russie qui agit comme une puissance régionale.

Notre réflexion pose la question, presque en suspens dans le débat sur l’Europe, des frontières du projet politique européen. Les nombreuses critiques sur une Union sans fin se multiplient, faute de définition claire sur la nature du projet européen. La notion de « frontière européenne » apparaît complexe et mêle à la fois des représentations collectives de l’européanité, de considérations morales, d’ambitions politiques, d’intérêts géopolitiques locaux ou régionaux[4]. La question des frontières européennes s’impose davantage qu’elle ne se pose. Souvent évitée derrière le consensus d’un territoire pacifié, elle émerge face aux critiques d’une perte de contrôle sur l’extension de l’Union comme sur la dénaturation du projet européen. Dans notre analyse, nous distinguerons ainsi clairement l’Europe comme continent aux frontières politico-culturelles mouvantes à travers l’histoire, et l’Union, institution politique aux frontières volontaires mouvantes à travers des intérêts. Si abolir des frontières revient à faire disparaître des États, les franchir aisément ne les annule pas. La frontière, invention humaine, est aussi un refuge et une ressource pour qui vit des différences et peut élaborer des micro-stratégies.

Les frontières européennes souffrent en effet d’une large ambiguïté. Dans ce sens, la candidature Marocaine à l’entrée dans la Communauté économique européenne en 1984 révéla un flou juridique. En effet, l’article 237 du traité CEE décrit que « Tout État européen peut demander à devenir membre de la Communauté ». De là le problème survient, qu’est-ce qu’un « État européen » ? Un État qui se situe sur le continent d’Europe ? Un État au modèle économique et démocratique semblable aux pays de l’Union économique ? Si on raisonne à contrario, est-ce que cela empêche d’autres États de déposer une candidature ? Celle déposée par le roi Hassan II apparaissait justifiée. Du point de vue géographique, le Maroc se situe à proximité du continent et un projet de pont le reliant par le détroit de Gibraltar avait été lancé. Le Maroc aurait constitué un atout géopolitique important, un « arrière-pays » d’Europe. Du point de vue économique, le Maroc est en effet un point de transit essentiel pour le pétrole d’Afrique et de nombreuses institutions marocaines soulignaient le caractère démocratique du pays. En 1987, après trois ans de débats, le Conseil européen n’a pas simplement refusé la candidature, mais l’a même rejetée, considérant sur la base de l’article 49 du traité sur l’Union européenne, qui dicte que l’État candidat doit être « géographiquement européen ». Un argument toutefois très fragile face à la géopolitique russe…

Ainsi, le débat sur l’Europe renvoie en premier lieu, à un débat sur les frontières européennes. La plupart des conflits entre États ont été et sont encore des questions de territoires et donc, in fine, de frontières. Mais alors, jusqu’où va l’Europe ? Et jusqu’où doit-elle aller ?

Afin d’éclairer les principaux enjeux du débat, nous divisons notre réflexion deux temps. Nous traiterons d’abord de la construction et de l’évolution des frontières européennes jusqu’au XXe siècle. Nous chercherons ensuite à définir l’Europe à travers les idéologies et courants de pensées qui marquent sa controverse…Au terme de cette analyse, nous réfléchirons à l’avenir des frontières européennes et élaborerons une première esquisse de ce que pourrait être une identité européenne.

Construction et évolution des frontières européennes

Des racines gréco-romaines à l’identité judéo-chrétienne

« L’Europe c’est une identité culturelle forte inscrite dans un territoire incertain »[5] explique Jean-Louis Bourlanges. L’identité culturelle européenne est le fruit du croisement entre l’héritage gréco-romain et la tradition judéo-chrétienne à l’aube du Moyen Âge.L’histoire de l’Europe prend historiquement racine dans le christianisme, dans ce sens où la religion fut le marqueur principal de l’appartenance au continent encore en formation. La frontière de l’Europe fut d’abord celle du catholicisme latin dont une première figure se dessine à travers l’Empire carolingien du VIII-Xème siècle. Celui-ci constitue encore aujourd’hui l’épicentre de l’Europe, à savoir la première Union des 15. Cependant, le frontière historique de l’Europe, elle, nécessite de regrouper des conditions : aujourd’hui ce sont la démocratie ou l’État de droit ; au Moyen Âge, c’est l’adhésion à la religion catholique romaine. Pour reprendre l’analyse de Alain Besançon dans « Les frontières de l’Europe »[6], ce que l’on voit se construire sont des frontières intra-européennes, qui séparent l’Europe carolingienne (celle des Quinze, avec l’Angleterre, en symbiose avec la France et l’Espagne reconquises) de l’Europe des Vingt-Cinq, dont la conversion s’est effectuée par l’appui à la papauté romaine (Pologne, Bohême).

À la fin du Moyen Âge, les frontières sont fixées pour encore deux siècles, et sont toujours religieuses. À l’Est l’orthodoxie. Au Sud-Est, l’Empire Ottoman a conquis l’Empire Byzantin et occupe les Balkans. Au Sud, la Méditerranée reste contestée et en Espagne la Reconquista vient de finir avec la prise de Grenade. Cependant, la frontière n’est plus exclusivement religieuse, mais aussi celle d’une civilisation unifiée par de nombreuses innovations dont le type est spécifiquement européen. Ce sont par exemple l’outillage, l’architecture, la construction navale, les pratiques militaires, les inventions métallurgiques et textiles, et l’enseignement universitaire : à partir de villes comme Bologne, Paris ou Oxford, le réseau d’universités s’étend vers le nord et vers l’est tchèque, hongrois et polonais. L’Europe se caractérise également par son fonctionnement féodal, dont le cœur se trouve en France mais dont l’esprit est celui du continent entier, même s’il est moins vrai à mesure que l’on se dirige vers l’Est polonais. L’unité européenne est aussi celle de l’art, et celle de l’art gothique en premier. On peut ainsi lire la frontière orientale de l’Europe comme la ligne qui réunit les dernières églises gothiques, celle qui borde la Finlande, les pays baltes, la Pologne, la Hongrie, la Croatie ou la Slovénie. En d’autres termes, c’est l’Europe des vingt-cinq qui marque la rupture avec l’art byzantin et musulman.

En un sens, ce sont les conflits qui divisent l’espace européen qui contribuent à l’unité de l’Europe, car ils ont un style bien particulier. Ces conflits étant quasi systématiquement les mêmes : un conflit entre l’Église et le pouvoir politique et un conflit entre l’Empire et les États nationaux. C’est cette intensité de la crise continue de l’Église et de l’Empire qui finirent par provoquer la grande rupture de la Réforme. Le protestantisme réunit une problématique issue d’Agustin, celle d’une religiosité individualiste et in fine, vers le triomphe de l’État national sur l’idée impériale. Ce conflit religieux conduit le pouvoir politique et la société vers l’affirmation des principes de la laïcité qui étaient déjà en germe dans la théorie catholique de l’autonomie du spirituel et du temporel. Ce qu’il faut pour autant bien voir, c’est que le deux moitiés désormais opposées de l’Europe deviennent de cette rupture plus européennes que jamais.

Du XVIIème au XIXème siècle, le théâtre d’une révolution dans la pensée européenne

Le XVIIème siècle est le théâtre d’une révolution dans la pensée. La science galiléenne puis newtonienne s’imposent face à la philosophie et à la religion. C’est sur cette base nouvelle que s’élèvent des philosophies non chrétiennes et un début de révolution technologique. Il n’y a qu’en Europe que l’on observe toutes ces grandes transformations.

L’Europe ne se définit plus par le christianisme car celui-ci est divisé, il a perdu son monopole intellectuel et son autorité. Le compromis constantinien, celui qui légitimait l’État par l’Église s’effondre en pays protestants comme en pays catholiques. On observe par là une nouvelle définition qui se développe. Les classes supérieures développent un art commun qui tend à s’unifier en Europe : un art classique, baroque, rococo, néo-classique etc. Ce sont ainsi davantage des éléments matériels et sociaux plus que spirituels qui comptent dans la nouvelle description du continent.

Mais puisque ces éléments sont inégalement répartis, il faut distinguer dans cette Europe moderne un centre et des périphéries. Le centre bordé par la ligne qui relie le Sud de l’Angleterre à l’Italie du Nord. Celui-ci ne coïncide pas exactement avec les centres politiques, mais la France avec l’Angleterre et la Hollande sont les pays modèles que la périphérie cherche à imiter. Cette périphérie comprend les pays ibériques et les pays situés à l’Est de l’Elbe.

Si ce nouveau paysage perd de ses traits lorsque l’on se dirige vers l’Est, la frontière orientale de l’Europe, est celle du Moyen Âge, celle qui sépare la Russie de la Suède et de la Pologne. Au Sud, la Méditerranée est devenue un lac européen. À l’Ouest, l’Europe se prolonge au-delà de l’Atlantique par ses colonies qui sont contrôlées étroitement par les métropoles occidentales. Au terme des conquêtes territoriales et du renouveau dans la pensée par le mouvement des Lumières, c’est une nouvelle Europe qui voit le jour, dont la stabilité s’impose jusqu’à la fin du XIXème siècle.

L’Europe pendant l’entre-deux guerres : l’ombre de « l’Europe nouvelle »

Dans son ouvrage « Les frontières de l’Europe »[7], René Leboutte questionne le concept de frontières, notamment pendant la période d’entre-deux guerres en Europe. À la fois des des barrières, des méta-frontières, celles-ci divisaient les États-nations, les régimes démocratiques et autoritaires, mais surtout, dans la logique objectiviste de la nation décrite par Gobineau[8], elles deviennent un terrain d’expansion nazi pour une Nouvelle Europe. Les frontières deviennent des fronts. Il faudra attendre la fin du conflit pour voir se dessiner des frontières plus pacifiques, et 1989 pour aboutir aux frontières modernes. Après 1918 et le Traité de Versailles, les frontières de l’Europe s’élargissent pour « former une mosaïque d’États-nations » et sont pour la première fois clairement définies à l’Est, au cordon sanitaire établi pour endiguer le danger bolchevique. L’idée d’une Europe unifiée face au bloc russe est reprise par Aristide Briand en 1929.

Ainsi, les enjeux des frontières obligent à penser l’Europe dans son essence, son histoire et son avenir. Dans l’entre-deux guerres, de nombreux auteurs critiquent déjà le recul culturel de l’Europe. Parmi eux, Claude Delmas explique « Dans un monde caractérisé par l’interdépendance des économies, l’Europe, en cultivant les nationalismes, crée elle-même les conditions de sa propre désagrégation ; décimée, écrasée de dettes, elle a perdu irrémédiablement sa suprématie mondiale ».

Ernst Gellner va encore plus loin dans l’analyse de l’Europe du nationalisme. Pour lui, il s’agit « d’un principe politique qui affirme que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes » : une analyse dangereuse qui ne laisse pas la place aux minorités dans ce schéma.

Les années 1920 révèlent déjà des frontières internes, séparant les pays développés de l’Ouest et du Nord des pays du Sud et de l’Est. Dans ce contexte, la Société des Nations aura du mal à garantir la sécurité en Europe. En plus de la fragilité des frontières du Traité de Versailles, la formation des méta-frontières et la question des minorités refait surface. Les méta-frontières avec l’URSS et celles que développent la montée des régimes nazis et fascistes donnent naissance à l’Europe des blocs géopolitiques.

Dans les années 1930, déplore Sigmund Freud, même si depuis des siècles l’Europe est le continent des frontières, ce qui compte désormais n’est pas tant leur longueur mais leur nature. En 1939, pour reprendre les termes de Michel Foucher[9], l’Europe n’existe que par fragments, et est en train de sombrer sous le poids de l’« Europe nouvelle » imaginée par Adolphe Hitler. Cette configuration d’une Europe rétrécie aux pays démocratiques va découvrir une vague de migrations qui par leur nombre pose des problèmes de gestion inédits. La SDN créera ainsi le statut international du réfugié et une politique internationale à son égard.

En 1945, la chute du IIIème Reich fait renaître l’espoir d’un monde libre, d’une Europe unifiée à sa partie orientale par la chute des méta-frontières. Une illusion vite assombrie par le « rideau de fer » que décrit Churchill. L’Europe rentre dans une phase nouvelle. Pendant la guerre froide, l’Europe fait face à des défis inédits.

L’Europe pendant la Guerre Froide : dépendance et autonomie du bloc occidental

La guerre froide fait apparaître une opposition entre l’identité géographique et historique et celle d’une communauté de valeurs fédérant les peuples. L’Union européenne est en un sens, un principe négatif : tous s’accordent sur la nécessité de pacifier le territoire, mais le comment reste encore à définir. Et l’Europe d’après-guerre s’est construite dans un principe de négation, notamment de la géographie.

Cependant, comme le souligne Bourlanges, « ce que l’Europe gagne en universalité, elle le perd nécessairement en enracinement »[10]. Le trouble identitaire du continent a été ralenti pendant la Guerre Froide. Le territoire était alors clairement défini par les limites de l’Empire soviétique et le conflit a permis de soutenir fermement le projet des Pères Fondateurs qui veut substituer aux guerres les valeurs démocratiques. En un sens, pendant la guerre, l’identité européenne était claire.

Cette vision est à nuancer car l’Europe pendant la Guerre Froide a fait de son cœur le couple Franco-Allemand en diabolisant sa partie Orientale au moment où la Communauté Européenne a été l’instrument de sa mise sous tutelle américaine. L’Europe pendant le conflit existe en grande partie grâce au bloc occidental. C’est pourquoi Richard Holbrooke décrit les États-Unis comme « une puissance européenne »[11] Peu de pays chercheront à s’écarter du bouclier nucléaire établi par l’OTAN. En France toutefois, le projet nucléaire de De Gaulle et sa position ferme face à la posture américaine ont conduit à l’autonomisation du pays face aux États-Unis.

Néanmoins, la Guerre Froide provoque un trouble identitaire au sein d’une Europe qui s’américanise de plus en plus sous le soft power des États-Unis. Le projet solidaire de l’Union en pleine construction, la deuxième moitié du XXème siècle marque une double dynamique dans la définition de l’Europe : celle d’une Europe occidentale et libérale et celle d’une Europe autonome et forte de son marché commun

L’après 1989 : du trouble identitaire aux nouvelles frontières démocratiques

En un sens, la chute du rideau de fer trouble l’identité européenne face au retrait de leurs repères et de leurs frontières. Les critères d’adhésion, déterminés en juin 1993 à Copenhague, se limitent pour l’essentiel au respect des droits de la personne et de la démocratie. Cette vision limite le problème, notamment d’ordre religieux qui a ressurgi pour l’affaire de la Turquie et qui semble empêcher l’adhésion des États du Proche-Orient comme ceux du pourtour méditerranéen.

Pour Maurizio Cott, l’après 1989 est une étape majeure de l’aventure européenne et le «cycle de la démocratisation semble s’achever, pour l’essentiel, en Europe occidentale »[12]. Processus complexe, difficile, qui a été au cœur de l’histoire de tout notre siècle, mais aussi déjà du précédent, et qui arrive maintenant à son terme. Tous les pays d’Europe occidentale sont désormais pourvus d’institutions démocratiques. Même le flanc Sud, qui a eu davantage de mal à atteindre cet objectif, ne se distingue plus autant du reste de l’Europe depuis les transitions démocratiques réussies de certains d’entre eux.

Pour Mitterrand « trop de communautés ont subi les frontières comme tranche un couperet »[13]. En 1990, de nouveaux équilibres doivent être trouvés et les calculs de la démocratie ne répondront pas seuls aux exigences nationales. Deux actes concrets ont été accomplis en Europe centrale : l’abolition de la « frontière indigne »[14] entre les deux États allemands et la confirmation de la frontière germano-polonaise. Se dessine alors une unification allemande dans les limites de 1990 et plus de 1937. Se dessine aussi une Pologne dans ses contours actuels à l’Ouest.

À cela s’ajoute la question des limites orientales de la Pologne, ligne de partage multi-séculaire entre catholiques et orthodoxes. « L’histoire européenne ne se répète pas »[15], après 1990 c’est en Europe orientale que se déroule la nouvelle étape du long processus de construction nationale qui découle de la décomposition des structures impériales. Dans l’histoire, on voit bien que la consolidation des nations et des États s’effectue de l’Ouest vers l’Est. Ainsi, en un sens, la géopolitique européenne vit encore en 1990 sous « le régime de la diachronie »[16].

Définir l’Europe et l’Union

L’Europe, un principe négatif ?

Si aujourd’hui une majorité s’accorde derrière le projet européen, il est encore difficile de dire quelle en sera la finalité. Aujourd’hui, l’Union semble encore incapable de définir ses frontières finales, comme si sa nature « n’était pas d’être, mais de devenir »[17]. Les défis se multiplient : les Balkans, la Turquie, le Maghreb, le Proche Orient, la Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie, et enfin la Russie. En un sens, l’Europe apparaît être un principe négatif sur laquelle son expansion repose. Cette hypothèse souvent reprise par des géographes et des chercheurs tend cependant à tracer une dualité qui serait sans aucune équivoque : c’est « l’Europe ou le chaos ». Le projet européen en devient davantage une issue qu’un projet novateur et véritablement bon pour les États.

On ne peut déroger à cette radicalité dans les développements sur la recherche des frontières européennes la volonté de donner des explications au projet européen. Cependant, cette forme de positivisme ne doit pas nous retenir entièrement. Le projet européen ne s’impose pas, et ne s’est pas imposé. Présenter le projet européen comme la simple addition d’États y optant presque par défaut revient à nier tous les processus qui se sont joués en interne. Le projet européen n’est pas mandaté, il est historiquement né de lui-même.

Ce qu’il faut retenir ici c’est que les tentatives de définition de l’Europe, et plus tard de l’Union Européenne, se sont multipliées et se multiplient encore. Et pour autant, aucune ne s’est véritablement imposée. En un sens, l’unité européenne provient de cette ambiguïté dans la définition. L’Europe certes, mais maintenant que faire ? Nous tenterons, à minima, de faire le bilan sur les oppositions idéologiques qui se sont suivies.

L’Europe des Droits de l’Homme et l’Europe des civilisations

Philippe Raynaud présente les trois voies de la construction européenne, toutes nécessaires, et qui peuvent entrer en conflit[18]. L’idée qui domine aujourd’hui est celle d’une Europe des droits de l’homme, à la fois la plus abstraite et la plus récente. On peut retracer les origines de cette Europe au XVIIIème siècle et aux écrits de Kant sur le projet cosmopolitique – le règne du droit. C’est une « Europe de la raison » que décrivait le philosophe Husserl, qui fait partie intégrante de la conscience politique de l’Europe contemporaine, qui s’est formée dans l’opposition aux fascismes d’avant-guerre et au communisme soviétique.

Toutefois, les origines de l’Europe, avant d’inventer les droits de l’homme, se retrouvent au Moyen Âge avec l’émergence de l’État moderne et de la nation. Celles-ci, supposant un territoire limité, ne peuvent s’appliquer au projet cosmopolitique. De plus, cette conception de l’État inclut une idée de puissance et implique une diplomatie réaliste. Seul le renoncement d’une politique étrangère et de sécurité individuelle permettrait d’articuler l’inscription territoriale avec l’idée universaliste de la liberté.

Entre les deux, on a une Europe des civilisations, unie derrière une histoire  commune. Cette idée, issue des travaux de Sully ou Montesquieu prend tout son sens avec le projet d’unification et de pacification européenne au XXème siècle. Ce projet, sans être cosmopolitique s’éloigne déjà du concept de l’État-souverain et est peut-être le plus abordable par les peuples européens, comme le mi-chemin entre la revendication d’une histoire sans être la revendication d’une puissance.

L’Union européenne, ou l’Europe des altérités

La question des frontières doit se confronter à une réflexion de fond sur le projet de l’Union. Les frontières de l’Union ne sont pas nécessairement celles de l’Europe – « L’Europe est un héritage, l’Union un projet ».[19] Le projet de l’Union pose plusieurs questions : Celui-ci veut-il réunir toute l’Europe ? Veut-il en conserver que l’essentiel ? Souhaite-t-il l’enrichir pour le renforcer ? L’Union doit-elle seulement avoir des frontières ? Inclure les héritiers de l’histoire géographique ? Fonder un bastion des États aux valeurs démocratiques ? Face à l’exemple que fournit la Russie, faut-il préférer les convertis aux héritiers ?

La situation dans laquelle nous nous trouvons peut être résumée de la façon suivante : l’opinion européenne gouvernante rejette la pertinence des frontières nationales au nom des frontières culturelles, et en même temps la pertinence des frontières culturelles au nom de l’unité de l’espèce humaine[20]. Nous sommes privés de la science politique classique qui s’attache principalement à la forme et aux régime politiques, et la science politique moderne, ou libérale, qui fait davantage place à l’élément de la « culture ». Bien entendu, l’opinion publique à propos de l’Europe n’est pas divisée entre ceux qui seraient « pour » l’Europe et ceux qui seraient « contre » l’Europe. Ce qui menace de faire échouer la « construction de l’Europe », ce ne sont pas ces résistances ou réticences, c’est la division de l’opinion pro-européenne qui est l’opinion absolument dominante. Au sein de cette opinion, deux principales idéologies s’opposent.

Les Européens peuvent poursuivre un objectif de réconciliation et de rapprochement entre des peuples traditionnellement hostiles et culturellement différents. S’il ne s’agit pas pour eux d’exprimer une identité commune mais de gérer pacifiquement une altérité historique, ils s’évadent des limites et des contraintes de l’histoire pour concevoir l’Union comme un cercle d’États démocratiques en expansion indéfinie. Cette perspective presque universaliste est très présente chez plusieurs militants catholiques de la construction européenne. Comme disait Pierre Manent, « la construction européenne, c’est le premier essai et le véhicule de l’unification de l’humanité elle-même ». Cette option, c’est celle de l’Europe des altérités. Le problème, qui revient régulièrement chez Bourlanges, c’est que « L’Europe universelle, c’est la condamnation à mort de l’Europe historique, au bénéfice des empires qui la dominent et des États qui la morcellent ».

Le projet controversé d’une Union fédérale

Encore plus loin, les européens peuvent poursuivre une logique fédéraliste. Une perspective proprement européenne qui envisage la construction d’un corps politique européen distinct, distinct des anciennes nations qui le composent, distinct de l’espace transatlantique, distinct du marché mondial. Cette union fédérale soulève cependant de nombreux débats.

Pour certains, l’Union européenne ne peut que perdre en force ce qu’elle gagne en étendue. Tout dépend donc de ce que les Européens veulent faire ensemble. S’ils veulent organiser une fédération de peuples et d’États destinée à exprimer leur identité commune, à affirmer leurs valeurs et à défendre leurs intérêts dans un monde multipolaire, il leur est nécessaire de s’en tenir autant que possible au cadre territorial que leur a légué l’histoire, quitte à le préciser et à le compléter sur la base de critères politiques publiquement définis.

D’autre part, la fédération supposé donner à l’Union, à savoir les principales responsabilités politiques exercées par les États : gestion des équilibres budgétaires, politique extérieure et défense. Elle suppose de réunifier le système institutionnel en étendant à l’action politique les méthodes, règles et contraintes propres au modèle communautaire. Le périmètre géographique de l’Union doit être enfin strictement déterminé pour que le projet soit réalisable.

Dans ce sens, une union de cette ampleur ne pourrait admettre en son sein que des États décidés à assumer toutes les conséquences politiques et institutionnelles de leur adhésion à un projet clairement défini. Elle devrait, d’autre part, ne réunir que des États répondant à deux séries de critères objectifs : critères historiques et géographiques d’un côté, qui permettent d’encadrer l’Union au nord, à l’ouest et au sud ; de l’autre, critères de faisabilité institutionnelle qui devraient obliger à récuser les États trop puissants pour ne pas déséquilibrer en profondeur l’Union et en fausser le jeu fédéral. La prise en compte d’une telle préoccupation devrait se traduire par le maintien à l’extérieur de l’Union de la Fédération de Russie et, par voie de conséquence, l’Ukraine et la Biélorussie. Le projet fédéraliste se heurte ainsi à bien des contestations et la perspective des « États-Unis d’Europe » semble plus que difficile à mettre en place.

L’extension de l’Union et l’affaire turque : le projet européen face à ses limites

L’affaire turque soulève à bien des égards, les limites aux différentes perspectives européennes et pose une fois de plus, mais de manière bien plus polémique la question de ce qui définit, en profondeur, l’européanité.

Aujourd’hui, l’Europe-puissance et l’Europe-civilisation sont en crise, laissant la seule voie à l’Europe-cosmopolitique.[21] L’affaire turque révèle l’opposition entre des avocats turcs qui défendent une Europe sans frontières portée par des valeurs universalistes face aux défenseurs du concept classique d’État qui refusent la dilution de l’identité européenne.

Philippe Raynaud défend pourquoi les frontières de l’Europe doivent être maintenues, ce qui permettrait de préserver une synthèse entre liberté et puissance. Plusieurs arguments dans l’affaire turque s’opposent. L’argument géographique s’oppose à une conception arbitraire et imaginaire des frontières. L’argument historique est utilisé d’une part pour critiquer le “club chrétien” que marquerait le refus d’entrée de la Turquie, de l’autre comme la reconnaissance de pays à majorité musulmane issus de l’Empire Ottoman. Selon l’auteur, l’Europe ne se situe pas dans une logique d’exclusion religieuse, mais que les principales puissances européennes aient pu s’allier avec les Turcs contre leurs adversaires européens « confirme que la différence entre la Turquie et l’Europe est partie prenante de leurs identités historiques respectives ».

L’affaire turque marque la limite à l’Europe des altérités. Si celle-ci est moins contraignante, elle est aussi moins prometteuse. Michel Rocard, qui s’en est fait le promoteur désenchanté, se résigne à la fois à la candidature turque et à l’abandon de l’union politique. Son plaidoyer pour « une Europe sans âme » a le mérite de ne rien dissimuler à l’opinion des deux implications fondamentales de l’adhésion potentielle de la Turquie : l’engagement de l’Union dans un processus indéfini d’élargissement et le renoncement à ce que l’ancien Premier Ministre nomme « une Europe capable non seulement de défendre mais d’exporter vers d’autres continents son modèle social — et capable aussi de peser fortement sur les affaires mondiales ; bref, d’être une puissance ».[22]

Il y a une double logique, géographique et historique. Paradoxalement, d’un point de vue historique, l’Europe se rapproche des États-Unis pour leur histoire commune « l’Amérique, sa fille » disait De Gaulle, alors que l’océan les sépare. Dans le même temps, l’Est de l’Europe, malgré sa proximité, semble très éloigné.   

Face à la gestion de l’affaire, Pierre Manent dénonce l’échec du projet fédéral. Les « vrais Européens » se signalent par leur hostilité à l’égard de l’extension indéfinie de l’Union.[23] Ils sont en particulier hostiles à l’entrée de la Turquie – ils sont plus hostiles à cette entrée que ceux qui ont une perspective plus « nationale » et pour qui la Turquie ne fait guère qu’une nation de plus. L’argument contre la Turquie est celui de la culture. Étrangère à la culture européenne, la fédération devrait se construire sur le corps culturel. Les frontières politiques de l’Europe doivent coïncider le plus qu’il est possible avec ses frontières culturelles. Mais quelles sont les frontières culturelles de l’Europe ?

La frontière culturelle est ici la frontière religieuse. Alain Besançon fait passer la frontière entre christianisme occidental et christianisme oriental. Plus couramment, on fait passer la frontière entre aire chrétienne et aire musulmane. Ces opinions sont légitimes puisque la religion est en général considérée comme le marqueur culturel par excellence. En même temps, comme on le sait, le débat n’a pas été accueilli dans l’espace public. La raison en est connue de tous : on ne veut pas poser la question du rapport entre l’islam et la liberté politique.

En cherchant à définir la « culture commune » de l’Europe, on tourne son attention vers « ce qui est commun ». Si on considère la notion de culture en dehors de tout corps politique, et si on cherche ensuite à bâtir sur elle un corps politique nouveau, on commet une inversion de l’ordre causal. La « culture européenne », s’il y en a jamais une qui soit politiquement pertinente, c’est celle qui sera produite par le corps politique européen une fois que celui-ci aura été construit.

Selon Giscard d’Estaing, l’adhésion de la Turquie dans l’Union européenne marquerait la fin de la construction européenne. Chacun peut récuser la relégation de la Turquie hors de l’Union européenne au nom de l’unité du genre humain, de l’universalité des droits de l’homme et des progrès démocratiques à encourager auprès des peuples méritants. Il est en revanche hasardeux de tenter d’imaginer, entre le nord et le sud de la Méditerranée, une autre frontière durable que celle de la Turquie, affirmait l’ancien Président.

Si cette analyse est fondée, quelle ressource reste-t-il à l’Europe ? Il lui reste son absence et les effets de son absence sur le monde. Et c’est à partir de là, à partir de là seulement, que l’Europe peut politiquement se relever. Comme l’a montré Jean Baechler, l’Europe est ce grand point d’incertitude dans la transpolitie mondiale qui se dessine.[24] Alors, mais alors seulement, les frontières politiques se confondront avec les frontières culturelles, mais parce que la nouvelle culture européenne résultera du nouvel ordre politique européen. Il appartiendra donc aux gouvernants européens d’inventer des formes nouvelles de coopération, qui permettront à l’Union de jouer un rôle positif dans l’ensemble du Vieux Monde. En un sens, « La survie de l’idée européenne passe par une nouvelle synthèse entre l’universalisme des droits et le réalisme politique ».

Conclusion

Ainsi, au terme de cette analyse, il est possible de poser le lien fort qui unit les frontières à la question identitaire. Cette identité européenne est alors au centre des débats opposant les différentes idéologies pour l’Europe comme pour l’Union. Cette même opposition nous permet dès à présent d’avancer quelques éléments de l’identité européenne.

La construction de l’Europe a généré des craintes concernant son élargissement progressif et les transferts de souveraineté. Ces craintes se sont faites ressentir notamment lors de l’introduction de la monnaie unique et du projet de Constitution Européenne. Ces projets ont soulevé la réflexion autour de la préservation des identités nationales et sur l’émergence d’une identité européenne. Cette identité s’exprime certes en termes économiques, mais avant tout par des réalités historiques et culturelles. Cette ambition peut se traduire dans un projet de modèle social européen unique – aujourd’hui certainement utopique. Comme le décrivait Pascal Lamy, il s’agira de « la capacité des Européens à définir des politiques communes et, sur le plan institutionnel comme sur le plan financier, à se doter des moyens nécessaires pour les mener ».[25]

Les réalités historiques et culturelles s’expriment en termes identitaires – Vaudel l’exprimait déjà au XVIIème siècle au sujet de la France en évoquant la diversité de ses terroirs, attachés à ses traditions mais qui restent ouvertes aux autres. En partant de cette analyse, nous pourrions dire que l’unité européenne pourrait s’appuyer sur des mécanismes semblables, à une échelle simplement plus élargie. Cependant, une analyse approfondie par Fernand Braudel et Ernest Renan qui affirmait au sujet de la France, que son identité était « le résultat vivant de ce que l’interminable passé a déposé patiemment par couches successives […] si cette Histoire s’interrompait, tout s’écroulerait ».[26] Voilà la force d’une identité. Ernest Renan décrit une identité volontariste, reposant sur un peuple, qui, uni par une culture et des accomplissements historiques communs, s’unissent pour en réaliser de plus grands encore. L’analyse de Renan est très pertinente à ce sujet, l’identité ne peut simplement émaner d’un texte de loi ou d’institutions communes. L’identité européenne doit se construire sur la force de son histoire. Ce qui unit tous ces États, au-delà de leur diversité, c’est bel et bien l’Europe : une Europe méditerranéenne, puis continentale. Cette logique impose cependant un constat : l’UE n’aura jamais les pouvoirs décisionnels qu’a tout État souverain.

Penser l’Europe c’est comprendre son identité, cette unité dans la diversité. Ainsi doit être le sens du projet européen au XXIème siècle : « Une Europe bâtie sur la liberté et le respect des Droits de l’Homme, qui soit une garantie pour la démocratie, dans la logique d’un concept renouvelé de l’équilibre européen ». En somme, il faut relever le défi que posait déjà Jules Ferry, celui d’ « un phénomène de croissance sociale, de transformation qui se produit d’abord dans les idées et descend dans les mœurs, pour passer ensuite dans les lois ».

Par Alexandre CHÂTEL, membre du Pôle Europe et Géopolitique


[1] Dictionnaire Le Robert

[2] « La construction de l’Europe » François de Teyssier et Gilles Baudier, p.7-8

[3] « Le retour des frontières » – Michel Foucher

[4] « L’Union politique européenne : un territoire, des frontières, des horizons » – Michel Foucher, p.86-114

[5] « De l’identité de l’Europe aux frontières de l’Union » Jean-Louis Bourlanges

[6] « Les frontières de l’Europe » – Alain Besançon, p.4-6

[7] « Les frontières de l’Europe » – René Leboutte, revue économique « De l’Europe d’avant guerre à l’Europe d’aujourd’hui » p.269-276

[8]  « Essai sur l’inégalité des races humaines », Arthur de Gobineau

[9] « Le retour des frontières », Michel Foucher

[10] « De l’identité de l’Europe aux frontières de l’Union », Jean-Louis Bourlanges – Études

[11] « America, a European Power », Richard Holbrooke, Foreign Affairs, mars/avril 1995

[12] « L’Europe, nouvelle frontière pour nos démocraties ? », Maurizio Cott

[13] Discours du Président François Mitterrand, le 21 novembre 1990

[14] « Propos d’un sans-patrie », Günter Grass

[15] « Europe : frontières ouvertes, frontières stable », Michel Foucher, 1991

[16] ibid

[17] De l’identité de l’Europe aux frontières de l’Union, Jean-Louis Bourlanges – Études

[18] L’Europe peut-elle avoir des frontières ? Philippe Raynaud – Commentaire, p.179-181

[19] De l’identité de l’Europe aux frontières de l’Union, Jean-Louis Bourlanges – Etudes, p.729-741

[20] « Frontières culturelles, frontières politiques », Pierre Manent – Commentaire, p.821-824, Cairn

[21]L’Europe peut-elle avoir des frontières ?” Philippe Raynaud – Commentaire

[22] “Du bon usage d’une Europe sans âme”, Michel Rocard, Tribune pour le journal Le Monde, 27 novembre 2003

[23] « Frontières culturelles, frontières politiques », Pierre Manent – Commentaire, p.821-824, Cairn

[24]  « La mondialisation politique », Jean Baechler

[25] Pascal Lamy, mai, 2003

[26] « Qu’est-ce qu’une nation ? », Ernest Renan